samedi 10 novembre 2007

Le silence des agneaux

Pas plus tard qu'hier, alors que je me baladais gentiment, comme à mon habitude, je tiens à le dire, sur le trottoir, car je suis quelqu'un de prudent et de raisonnable, aussi. Bah oui, avec une main de gamin dans chacune des miennes, je ne vais pas non plus m'amuser à traverser les grands boulevards en risquant le choc frontal avec un scooter. Déjà que franchement, un scooter, ça devrait pas exister, mais je vais pas épiloguer là-dessus non plus.

Visualisez donc le tableau: une nana entre trente et quarante, fatiguée, pas trop mal foutue mais pas non plus la bombasse, qui traîne deux gosses insupportables par le bras, limite, et que ça se voit que 1/la joie de vivre ne l'inonde pas 2/elle n'a pas la tronche de la fille qui a envie de se payer une bonne tranche de rigolade avec les premiers pécores venus.

Et bien figurez-vous qu'il y en a, je vous le dis cash, qui n'ont pas peur ou alors ils n'ont pas eu à bouffer depuis longtemps. Si encore le type a un joli cul, je dis pas non pour regarder. Mais là, deux laiderons en fin de parcours m'accostent en sifflant déjà pour commencer, LE truc exaspérant que j'ai sans préambule envie de foutre trois taloches. D'entrée. Micheline Dax, à côté, c'est la quintessence de la beauté et de l'intelligence.
Ils étaient deux: vous croyez qu'il y en aurait eu un pour remonter le niveau? Pas du tout! Le premier avait la coupe mulet ET un jean slim, oui hein, déjà ça calme, et avait une haleine de chacal faisandé. Il dégageait une espèce de karma pourri, avec ses dents de traviole et c'était lui le chef des cons. L'autre, plus basique, avait un look de contrôleur RATP et parlait par borborygmes en ricanant à tout ce que disait Mr Mulet-Slim.
C'est mal me connaître de penser que je me suis laissée faire. Autant vous dire qu'ils étaient perdants d'entrée et le pire, c'est qu'ils n'abandonnaient pas la partie, aggravant leur cas à chaque pas. J'avais pas l'air con, les mômes accrochés au sac à main -l'épisode je hurle parce que ma mère est méchante s'est terminé à l'arrivée des deux ploucs- plus les goliots qui me suivaient à la trace.

Je n'avais AUCUNE envie d'être assimilée à ces deux-là, genre je pourrais les connaître, c'est bon, déjà que le boulanger du quartier me prend pour une tarée depuis que je suis allée acheter le pain en peignoir (si j'ai osé, mais j'avais forcé un peu sur le gin-tonic) et que ce Derrick en mal d'action a fait passer le message, alors ça va bien.

J'ai réfléchi deux minutes.
Je les ai regardés avec un air neutre. C'est très fort, l'air neutre.
Toujours très calmement, je me suis arrêtée, je les ai regardés et j'ai dit: "Vous avez vingt secondes pour foutre le camp de mon champ de vision. Passé ce délai, je me verrais contrainte de réagir". Bon je reconnais, ça fait un peu pitié comme phrase de menace, mais bon, j'avais plutôt envie d'employer la violence, mais en pleine rue et avec les enfants, bof. C'est à ce moment-là que je fus sauvée par mon gamin de cinq ans. Ne jamais oublier qu'un môme a des réactions imprévisibles. Il s'est mis à gueuler comme jamais avec des traits de psychopathe: "NAAAAAN pas REAGIR! SURTOUT PAS SURTOUT PAS AAAAARGH", le tout avec un air effrayé et en me regardant avec des yeux écarquillés.
Les deux pénibles se sont vaguement regardés, et ont fichu le camp.

Quels tocards ces mecs, peur d'un gosse de cinq ans, si c'est pas être de bons vieux gros ringards, ça.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

On dirait un conte zen ton histoire ;)

Lezlie Mac a dit…

comme quoi finalement, un gamin de 5 ans, ça peut avoir une certaine utilité. même si c'est difficilement dressable...